jeudi 30 août 2012

Le père Méraud : Un Ghwabhi pas comme les autres


Il est affectueusement appelé ‘’Pèlé kôkrô’’ par les Ghwa. Référence en matière de Foi, et du Catholicisme pur, des nostalgiques du temps des ''Bénédictions '' dominicales, processions majestueuses, chantées dans la langue des ''anges'' bref nostalgiques de l'ère du Grégorien tant chez les Ghwa que les attié, Le père MERAUD, (puisqu'il faut le nommer) est né le 22 mai 1872 à Limoges. Dans le sillage de Melchior Marie Joseph de Marion de Brésillac, évêque fondateur de la Société des Missions Africaines, (SMA) il s'embarque pour l'Afrique précisément la Côte d’Ivoire en 1896. Il se fixe à Memni et y fonde une paroisse moderne, d'où il ''essaime ses pôles d'évangélisation'' dans la brousse environnante, sillonnant les pays attié Ghwa et Agni de la région d'Alépé. En mars 1909 sous son impulsion est créée la station secondaire de Grand-Alépé;

Ouverture de la mission de Dabrè

En 1941, Mgr. BOIVIN ouvre une station principale à Dabré à 18 Km au sud de Memni il en explique les raisons :

« Le père MERAUD m’a supplié de le garder dans un petit coin pour terminer sa vie (-) Il a bien mérité du vicariat où il travaille depuis 45 ans, il a donc le droit d’y terminer sa vie »

Le père MERAUD y fait l’école jusqu’en 1954 où cette école catholique est érigée au rang d’école régionale. Ce qui exige des titulaires plus diplômés. C’est alors que le père CAILLOUX un de ses vicaires principaux prend la relève, lui qui construira l’église (1953).

Cf. Pierre TRICHET Pierre Côte d’Ivoire Les premiers pas d’une Église Tome 3 1940 -1960 Partie A Le sud-est du pays.- Abidjan : La Nouvelle,1995. T3 p. 27

En effet le 20 octobre 1958 Le père MERAUD meurt à Dabré où il repose désormais dans la cour de l'Église St Pierre et Paul.

Dans le Bulletin Foyer Nouveau de (l’ACF) le père CADEL relate les funérailles grandioses qui lui sont faites en présence du Ministre de l'Intérieur Jean Baptiste Mockey; de Mr Delafosse , Ministre des Finances , Auguste Denise Président du Conseil de Gouvernement, de plus de quarante prêtres .[et d'une foule nombreuse].

L’allocution de Mgr BOIVIN avant l’enterrement dit ceci :

« Ce fut un lutteur (-) Il fallait lutter contre les vieux féticheurs auxquels il commence à arracher des esclaves destinés à être immolés… et dont il ruine peu à peu l’autorité. Ce fut par-dessus tout un éducateur. Il fit lui-même l’école à Memni, puis à Dabré de 1896 à 1955, près de 60 ans…Ce fut aussi l’apôtre du clergé Africain (…) La région de Memni et Dabré est celle qui, jusqu’à présent a donné le plus de prêtres locaux au Territoire »

Ce ne sont pas seulement des prêtres que cette région donne mais un parterre d'employés et même de ''cadres'' et principalement de femmes instruites.En effet dès 1929 le père MERAUD:'' l'ancêtre '' comme le nomme affectueusement Mgr BOIVIN dans un courrier… obtenait pour sa paroisse de Memni, l'implantation des sœurs Notre Dame des Apôtres et en 1957 celle des sœurs de la Congrégation des Saints Cœurs de Jésus et de Marie pour l'une des plus petites paroisses du diocèse : Dabrè. Comme à Memni ces religieuses s'occupent de l'école et du dispensaire.

Il a tellement marqué le peuple Ghwa que la première compagnie de transport créa en son temps par des ressortissants de différents villages m’batto, s’est appelée Père MERAUD Au pays Attié un centre de formation porte le nom de foyer Pierre MERAUD

Ethnographe à ses heures, il a noté dans ''ses Carnets'' l’histoire, les mœurs et coutumes des peuples Akyé et Ghwa. Il collectionne de nombreux objets de culte : (ou non) Il a ainsi fait don à Augustin Planque, à la fin du XIXe siècle, au Musée Africain de Lyon de deux « Colonnes de Temple Ebrié » présenté à l’exposition de Lyon 1800 - 1914.

Il a emporté les anneaux (manilles) de OYƆMO l'ancêtre mythique des Ghwa. Les Ghwa disent qu'elle a dû lors de son élévation au ciel les quitter. Objet de vénération, ils ont été enlevés par le père sur indication d’un ressortissant de Dabré (d'autres disent de Domolon) ce qui n’a sans doute pas fait plaisir aux Ghwa…

Précurseur de Georges NIANGORAN --BOUAH, Pierre MERAUD dresse une liste méticuleuse de poids à peser l'or du pays akyé dont il établit la correspondance avec les monnaies françaises anciennes.

Badjo Bernadette


Sources :

  • Notre Voie du vendredi 20 Aout 2010
  • Utilisation des poids à peser l'or en Côte d'Ivoire Journal de la Société des Africaniste. 1973, vol 43,n° 43 pp. 33-109
  • Côte d’Ivoire : Les premiers pas d’une Église - TRICHET Pierre. Tome 3 1940 -1960 Partie A Le sud-est du pays.- Abidjan : La Nouvelle,1995.-221 p.
  • www. Missionsafrircaines.org/Le Musee-Africain-de-Lyon-D-hier-a;htlm

CI-DESSOUS Le père MERAUD et quelques uns de ses ''consacrés'' du pays GHWA et ATTIE


mardi 28 août 2012

samedi 25 août 2012

Culture Ghwa : Histoire & Tradition par Goly Agré Marc


Un livre d'une limpidité sans pareille, guidé par une intention jamais trahie, remarquable par la qualité de la recherche menée comme un spécialiste confirmé. Sans le savoir Goly Agré a fait une étude ethnographique véritable qui révèle des Ghwa, une organisation sociale fortement structurée, une organisation politique profondément démocratique qui donnerait des leçons à bien de nations dites "démocratiques". Là où "Gauche et Droite'' se disputent l'Administration du peuple à coups de promesses, évaluations, bilans de partis… jugements sinon de "dénigrements".

Ici rien de tel. Des lois préétablies règlent à jamais la gestion de la Cité et du Pays par les classes d'âge successives, avec un désir constant d'unité du peuple. Désir systématisé par ce retour sans cesse à OGHWLAPO pour tout ce qui touche au fondement de la Société ghwa. Oghwlapo, village originel de ce petit groupe, infime par sa taille, mais combien grand par ses structures sociales si parfaitement élaborées. À lire absolument par tous :
• La jeunesse ghwa pour se découvrir et avancer sur la base de son passé.

• Les ivoiriens. Surtout dans le contexte actuel, pour une réflexion sur l'organisation politique si particulière aux Ghwa décrite ici, et partant sur celle de tous les lagunaires à classes d'âge du littoral éburnéen : Attié, Abouré, Adioukrou, Ébrié.

• Les spécialistes des Sciences sociales : sociologues ,ethnologues qui trouvent ici le matériau ethnographique de base pour leur discipline.

Avons-nous besoin vraiment de calquer l'administration de nos "nations" sur celles des colonisateurs ?
Telle est la question que m'inspire la lecture de ce document.

Bernadette BADJO épse MONNET
Sociologue. Conservateur des Bibliothèques


CULTURE GHWA : HISTOIRE ET TRADITION

Avec la collaboration de :

AMAFOU Yabo Germain

Aké Claude

OHOUCOU Oyoua

AGO Jérôme Didier

Couverture : La danse guerrière. Gravure de ANOUMA Joseph

Ce livre est disponible à l’adresse suivante :

25 BP 2051 Abidjan 25

Tél : 08 16 57 85 / 22 47 07 49 / 40 76 47 03